Les Oasis australiens. Si la comparaison n’est pas usurpée, elle est aussi un peu réductrice à l’égard de ce premier album plus fin que prévu.


Voilà le carton indie-rock annoncé de ce premier semestre 2016. Pourtant, on ne les a pas vu venir, tout du moins de si loin. Car la prétendue relève de feu Oasis, nous vient… de Sydney, Australie. La surprise est de taille, tant on jurerait ce trio de proto-lads des antipodes – en l’occurence le chanteur Tommy O’Dell, le guitariste et producteur Johnny Took, enfin et non des moindres, le songwriter et guitariste Matt Mason – issue de la même banlieue de Manchester que la fratrie Ghallagher. Jugez donc : le chanteur Tommy O’Dell use des mêmes inflexions vocales (geignardes) que Liam ; les trois arborent un look sportswear XXL dans la grande tradition baggy from Madchester ; enfin, les vidéo clips de “Lay Down” et “Delete” évoquent davantage les tours grisâtres du Nord de l’Angleterre que les plages ensoleillées australiennes. Ils ont même poussé le vice à confier le mixage de leur premier album à Mark “Spike” Tent, qui a également produit… Oasis (pas leur meilleur album à vrai dire, la postérité étant déjà acquise à Owen Morris).

La poignée de singles égrênés sur la Toile depuis maintenant plus d’un an et demi rangeaient donc DMA’S dans la catégorie d’Oasis australien. Mais peut-être un peu trop vite. Le terme est devenu désormais un peu réducteur. Car si les douze morceaux de leur premier album, Hills End, démontrent une aptitude à pondre une mélodie ultra efficace, on décèle par ailleurs une véritable volonté de soigner la mise en forme, et ne pas seulement se contenter de gratter des accords majeurs à la “Roll With it”. A vrai dire, hormis deux titres incontestablement oasisien, « “Lay Down” et “So We know” (une face B comme seul le père Noël en pondait du temps de What’s The story Morning Glory), ce premier long format marque de sérieux progrès en révèlant agréablement d’autres aspérités. Notamment les arpèges omniprésents du guitariste et producteur Johnny Took qui réveillent fébrilement le souvenir du premier album des Stone Roses (Play it Loud), tandis que l’intro de “In the Moment” fera sans nul doute sonner la corde sensible des fans des Smiths.


Alors certes, on reste toujours géographiquement dans le même sillon mancunien, mais il ne faut pas faire la fine bouche non plus, on reste en très bonne compagnie. D’autant qu’en outrepassant ces quelques influences un peu trop assumées (ce fut aussi à ses débuts le cas d’Oasis avec les Stone Roses, rappelons-nous), l’évidence mélodique prend très vite le dessus, et cette aisance à pondre des refrains qui scotchent – les hymnes mélo-pop en puissance tels “Melbourne” et “Straight Dimensions”, quelques balades intimistes plus qu’honnêtes comme “Step Up the Morphine” et “The Switch”. Les amateurs de Babybird, ou certains singles de Cast et Embrace, y trouveront largement leur compte.

Dans les années 90, beaucoup de groupes se sont engouffrés dans la brêche brit pop ouverte par Blur et Oasis. Les meilleurs d’entre eux ont signé quelques excellents singles, mais d’aucuns n’ont réussi à fructifier leur formule sur un album entier. DMA’S vient d’éviter ce piège avec cette collection de pop songs pas révolutionnaires pour un sou, mais d’une efficience mélodique redoutable. L’exploit est tout à leur honneur. A défaut d’originalité, on peut aussi considérer cette solide aptitude mélodique comme le signe déjà d’une forte identité.


EN CONCERT LE JEUDI 19 MAI, AU POP UP DU LABEL A PARIS