Un tel nom de groupe peut sembler quelconque chez nous, mais doit sonner plutôt cool chez les anglophones. Heureusement, cela ne gâche en rien le plaisir d’écoute.
Il y a bien longtemps que Sub Pop ne fait plus du vacarme rock une de ses priorités. Avec le succès des Shins, Band of Horses et Iron & Wine dans les années 2000, le label de Seattle qui a jadis découvert Nirvana, a progressivement élargit son catalogue à la pop et ses dérivés folk, psychédélique et autres jolis ovnis lancinant comme Beach House… Ce qui ne l’empêche pas de temps en temps de s’encanailler comme au bon vieux temps, en signant des forces (binaires) vives comme No Age ou encore les excellentsPissed Jeans.
Sa toute dernière recrue, le power trio séminale canadien Metz, s’inscrit dans cette génération post-hardcore ayant pour éthique « Less is more » : une guitare, une batterie, parfois une basse comme c’est le cas ici, provoquant un déluge sonique plus sophistiqué que la moyenne. Car le larsen et autres déflagrations électriques résultant du chaos des amplis sont traités ici avec tous les égards. Pour tout dire, on a parfois l’impression d’être au beau milieu de la piste de décollage d’un A320.
Ou bien concrètement, ce serait comme si Shellac, Nirvana et Death From Above 1979 étaient passés au mixeur, tandis que la touche « REC » enclenchée se charge de capter en direct le broyage de cette mixture survitaminée. Saluons d’ailleurs la mise en son terroriste commanditée par Graham Walsh (Holy Fuck) et Alexandre Bonenfant. Impressionnante. Les dix brûlots noisy jetés ici en pâture sont taillées sur le même bloc de granit massif : l’urgence. Situation typique du disque : alors qu’au beau milieu de ce raffut indescriptible nous sommes tenus en haleine par un batteur aussi déchaîné que Dave Grohl, surgit au bout d’une minute ou deux un riff d’anthologie, bien crade et menaçant comme on les aime – attachez vos ceintures dans le train fantôme « Negative Space », ou encore le cataclysmique « Wet Blanket ».
Par moment ce baptême du feu pourrait même s’apparenter à un « Endless Nameless » greffé autour d’un groove aussi efficace qu’assassin. Oui, Nirvana encore. Notez que Sub Pop se garde bien dans la biographie du groupe de faire mention du plus célèbre trio de Seattle comme référence. Histoire d’éviter des comparaisons trop lourdes à porter. Pourtant, l’influence sur le plan « énergie vitale » s’en ressent, même si Metz fleurte moins avec la mélodie que Kurt Cobain. Pour l’heure, ce power trio de Toronto décroche sans peine le titre du groupe le plus bruyant de Sub Pop. Et c’est un compliment.